Une classe particulière dans le village de la Paix
Le couple Nishimura, de nationalité japonaise, donnent des cours dans leur langue aux enfants victimes de l'agent orange/dioxine. Ils espèrent ainsi apporter des connaissances à leurs jeunes élèves et alléger par là même leurs souffrances.
Le village Hoà Binh 2 (village de la Paix) se trouve dans les locaux de l'hôpital Tu Du à Hô Chi Minh-Ville. C'est là où sont traités les enfants victimes de l'agent orange/dioxine. En dehors des familles, peu de visiteurs et encore moins d'étrangers. Pourtant, tous les jours, un couple de Japonais vient leur rendre visite et se transforme en professeur pour les enfants. Bien qu'ils ne parlent ni anglais ni vietnamien, ils se dispensent des services d'un interprète. De toute façon, ils enseignent le japonais aux enfants du village, avec l'espoir de les voir se doter de sérieuses connaissances pour qu'ils puissent ensuite bien gagner leur vie.
La classe de M. et Mme Nishimura Yoichi n'est pas nombreuse, peut-être en tout et pour tout dix élèves. L'ensemble est plutôt disparate, le plus âgé est en 10e tandis que le benjamin est en 4e classe. Mais malgré les terribles handicaps que leur a infligé la dioxine, ils se montrent d'une volonté et d'une passion sans limite pour l'étude de cette langue. Même les problèmes de communication ont trouvé une solution. Leurs yeux remplacent la parole pour tenter de comprendre les gestes d'explication du professeur.
"Au début, le maître et les élèves étaient déboussolés. Ils se comprenaient par gestes. Mais grâce à la pédagogie et à l'expérience, M.Nishimura a donné à ses élèves une méthode d'étude efficace", raconte l'institutrice Trân Thi Nam. Preuve de cette victoire, le maître et les élèves communiquent désormais en japonais.
Partager la douleur avec les enfants handicapés
La famille de M.Nishimura se compose de quatre membres. Sa femme enseigne dans une école supérieure au Japon et lui est à la retraite depuis deux ans. Lors d'un voyage au Vietnam, il a rendu visite aux enfants victimes de l'agent orange/dioxine au village Hoà Binh 2 à Hô Chi Minh-Ville. L'image d'un petit garçon auquel il manquait un bras mais qui était plongé dans ses études l'avait poussé à faire quelque chose pour les petits vietnamiens handicapés.
Alors, M.Nishimura s'est mis lui même à rédiger le manuel d'enseignement et distribue à chacun de ses élèves du papier, des crayons et un dictionnaire japonais-vietnamien. Tous les jours, sa femme et lui marchent de leur hôtel jusqu'au village pour donner les cours.
"Ces enfants sont aussi intelligents que leurs amis normaux. Ils sont vraiment appliqués alors l'enseignement du japonais marche bien", souligne M.Nishimura.
L'homme avait déjà effectué plusieurs visites au Vietnam et plus particulièrement aux enfants handicapés. Chaque fois, il est ému par le travail des institutrices auprès des enfants dont le dévouement et la générosité sont des leçons de vie. Alors l'homme se lance aussi dans la bataille. Son plus fidèle soutien est la jeune Trân Thi Hoan. Dès leur première rencontre, le japonais avait remarqué sa combativité face à la maladie. Aujourd'hui, c'est une lycéenne de 10e qui peut parler et écrire japonais. Elle confie que le professeur a beaucoup fait pour elle et le décrit comme une personne altruiste. D'ailleurs, bien qu'il ne sache pas le vietnamien, il se décarcasse pour trouver une méthode d'enseignement performante. Quant à la petite Linh, elle dessine avec ses orteils et écrit ses rêves en deux langues : vietnamien et japonais.
Pour le futur, M.Nishimura s'est fixé de nouveaux objectifs. Il souhaite encourager ses collègues et les écoles où il a exercé à octroyer des bourses à ces enfants particuliers puis à les embaucher. Quant à lui, il désire seulement continuer sa mission au Vietnam et aider les petits du village Holà Binh 2.
Vuong Linh/CVN
( 03/11/04)
Source:Le Courrier du Vietnam
"J’étais furieux de n’avoir pas de souliers ; alors j’ai rencontré un homme qui n’avait pas de pieds, et je me suis trouvé content de mon sort. " - Mong-Tseu